« Barrez-vous de mon chemin » dis-je à Grumeau et Culculine en les devançant pour sortir de l’ascenseur. Je tremble, je jette mes bottes dans l’entrée, les sacs, mon gilet un peu brouté et je m’en vais pisser de rage en laissant la porte des gogues ouverte, ce qui est sans doute un vieil instinct animal, un truc de marquage de territoire et de supériorité, d’ailleurs c’est bien simple, si je pouvais, je pisserais sur la table, je pisserais par la fenêtre.
Bref.
Je viens de passer le dimanche le plus GORET de 2012, les soixante ans de la mère de Pute.
Le programme était clairement annoncé comme merdique, remarque bien et impossible pour moi de me faire porter pâle… Devant me racheter auprès de Pute qui je tiens à le signaler, monte un peu trop sur ses grands chevaux quand t’as le malheur de t’approprier un de ses chéquiers, je voyais dès la genèse du plan machiavélique de ma belle-mère mes chances d’en réchapper fondre comme neige au soleil.
Et il y a un domaine dans lequel le raffinement de cette femme n’éprouve aucune limite et n’impose aucune relâche : l’art de la torture. Passer une journée entière avec elle sans en venir aux mains serait en soi une épreuve pour n’importe lequel d’entre vous, alors pour moi c’est des freaking J.O. Et comme j’apprécie sa compagnie à peu près autant que celle de mes cystites, être à jeun à ce moment-là, c’est un peu comme faire les paralympiques sans fauteuil roulant : c’est handicapant.
Les hostilités ont démarré à 9h40 ce matin, à l’instar du 406 break direction Thoiry. À l’avant mère et fils, à l’arrière Grumeau et Culculine, entre eux la bouffe et dans le coffre, à la place du chien, à la place des chiens devrais-je dire, compte tenu des poils du berger américain de Pute mort il y a 24 mois recouvrant encore l’intégralité de l’espace alloué, à cette place où siègent les bêtes : myself. Une myself nature sans THC et sans Lexomil. Une myself contrainte et forcée par ce que mon Pute considère comme « rien de moins qu’un vol, sale rouge ».
Passons. Moi, je dis « partage ».
Il y a deux manifestations de la culture que j’abhorre, les cirques et les zoos. Quand tu me dis « tiens, on va à Thoiry ? » je te réponds « Ok mais d’abord tu te fais sodomiser par un crocodile. Après, je viens. Juré. ». Pute, ça le ravissait de m’imposer cette journée et la mère de Pute, je sais pas trop ce qu’elle avait dans la tête, en réalité. La logique de cette femme me dépasse complètement. Elle ne m’aime pas, c’est un fait établi et pourtant, mon absence l’outragerait sans mesure. Elle sait que je hais les zoos et par conséquent elle sait que je vais passer une bonne partie de la journée à faire chier par principe mais pourtant, mon absence représenterait à ses yeux un crime d’état.
Elle sait néanmoins que ma présence provoquerait des drames…
Je comprends complètement la logique de cette femme.
Voilà à quoi j’étais en train de réfléchir alors que mes enfants passaient les 40 minutes du voyage à demander en canon si on était arrivé maintenant. Des files grasses s’entassaient aux portes du circuit en voiture. Ce concept de zoo inversé qu’on te sert, les animaux en liberté pour des visiteurs en cage, ça ne justifie pas leur présence des milliers de kilomètres de là où ils sont censés être. Aucune girafe n’a envie de passer son dimanche matin à se faire haranguer et reluquer sous toutes les coutures par ma belle-mère, fut-ce son birthday. Aucun tigre n’a envie de s’entendre intimer « Cheese, bordel. ».
Moi-même je n’ai aucune envie d’assister à ça. De là où je me trouve, je ne vois encore ni girafe ni tigre, je vois des rangées de voitures, du moins je les aperçois à travers les traces de truffes passées et présentes. J’entends surtout, parce qu’elle gueule, ma belle-mère clamer que « n’golo n’golo on va visiter l’Afwique waka-waka »
Je jette un coup d’œil paniqué à Pute par rétroviseur interposé, pitié, non pas déjà, il n’est que 10h20 for Christ’s FUCK, pas les blagues racistes, non, tu sais que je peux pas. Pute a détourné le regard.
« Tiens regarde, Maman, un convoi d’indiens. »
Nous dépassons deux familles pakistanaises. Pute me lance un clin d’œil par rétroviseur interposé.
« Il y a beaucoup d’étrangers, quand même… Oh regarde, Grumeau, des noirs! Mais tu r’mar’qu’ras qu’ils sont vachement nombreux quand même… Enfin, c’est dommage avant c’était mieux fréquenté. Et puis pourquoi venir ici alors qu’ils ont les mêmes chez eux, franchement, ça me dépasse.»
Nous entrons. Maintenant que les enfants savent que nous sommes arrivés ils tiennent coûte que coûte à sortir de la voiture et loin de moi l’idée de les en blâmer, seulement voilà, raffinement de la torture, c’est pas du tout prévu au programme. Le programme c’est d’écouter cette femme parler sans arrêter pour dire des horreurs ou des énormités. Ne voyant de toute façon absolument aucun animal depuis le coffre je me suis mise à inspecter le sol. Je trouve alors une plaquette de médicaments, appartenant très probablement à son petit débile Jean-Jordan. J’inspecte le dos de la plaquette… neuroleptiques.
SCORE.
Ça a duré, les ours, ça a duré, les girafes, les éléphants, ça a duré les bisons que je ne pouvais pas voir et les autruches énurésiques, et puis finalement c’est quoi ça ? C’est des embouteillages en pleine nature, c’est des bouchons au milieu des bêtes sauvages, le mauvais trip, ça a duré et a duré jusqu’à 12h26, heure à laquelle je suis sortie du coffre pour aller vomir aux toilettes, qui étaient au demeurant propres. J’ai fermé le battant du siège, fébrile, pour sortir de quoi rouler un spliff.
Je suis ressortie de là fraîche comme un charme, j’aime m’en convaincre et puisque je venais de poser un très bruyant renard, ma belle-mère a trouvé le moment opportun pour déjeuner et sortir le pâté de foie médaillé de chez Collot, le taboulé, la rosette et la mousse au chocolat.
À 14h00, je voulais mourir. Mais je pouvais pas parce qu’on devait aller au zoo à pied. C’est là qu’il a plu à grosses gouttes et que les enfants ont refusé de marcher plus avant. Qu’à cela ne tienne, ils seront portés. Pour Pute ça ne pose pas trop de problème, aucun des deux ne pèse déjà plus du quart de son poids mais ça n’est pas mon cas.
On a fait les lions, on a fait les loups, on a fait les tigres, on a tout fait. Tous ces animaux exotiques parqués dans un château pour amuser la foule des dimanches en famille.
« C’est encore pas les bêtes qui sentent le plus mauvais… » ricanait ma belle-mère en accusant des yeux un groupe d’africaines qui comme nous, quittaient le zoo « l’année prochaine on fera l’Aquarium Géant ! » concluait-elle en démarrant.
« Ok d’accord mais d’abord vous vous faites sodomiser par un crocodile. Et après je viens. Juré. »
…
Pute m’a jeté un regard assassin par rétroviseur interposé.
« Beh ouais, désolée, ça m’a pris comme une envie de pisser. »
Rhhhaaaa je kiffe….<3
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Rien qu’en lisant ton article j’ai ressenti des vagues de souffrance. C’est à croire que tu es tombée sur LE cliché de la belle-mère salope, raciste et à fortes tendances beaufs.
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J’ai la même en un peu moins subtil ! =)
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Le problème c’est que ça n’est pas un racisme malveillant. C’est de la bêtise, pas de la haine.
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Encore pire. Au moins les fachos de base, ils ont une idée en tête. Les cons se contentent de répéter ce qu’ils ont entendus et qu’ils prennent pour une vérité absolue. En plus les cons t’éprouve un peu plus de pitié à leur casser la gueule…
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Pas d’accord du tout. Autant j’arrive à essayer de comprendre qu’on puisse être faf par ignorance, autant les renseignés et convaincus sont les pires, ceux avec qui ça doit pas passer.
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Tu m’ôtes les mots… Ma belle-mère c’est du genre à fondre devant n’importe quel enfant et à aider les gens sans regarder leurs papiers. Elle n’a reçu aucune éducation, comme encore beaucoup de femmes à son époque, voilà pourquoi elle peut sortir de pareilles énormités.
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Sans compter qu’elle est complètement barge.
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Ce que je voulais dire c’est que les FAF « renseignés et convaincus » sont justement haïssables à cause de leurs idées et du fait qu’ils n’ont pas subi un quelconque « lavage de cerveau ». Les « ignorants » sont juste… désespérants. T’as envie de leur cracher à la gueule par rapport à ce qu’ils disent, mais tu sais que c’est pas entièrement de leur faute. Par « encore pire » j’entendais « C’est encore pire qu’elle soit raciste par ignorance parce que du coup tu peux pas la haïr sainement juste par rapport à ça. » Je me suis juste mal exprimé.
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J’ai une famille assez similaire, including la chianterie crasse, le putain de vice et les blagues de faf – quand ce sont des blagues. Je n’ai jamais trouvé qu’une seule solution pour les supporter : le trollage, solution à tout, l’ennui, les pannes sexuelles, la fin dans le monde et les plantage d’Adobe Flash Player. Être là où surtout on ne t’attend pas.
Dans ton cas, j’imagine qu’il faudrait que tu joues la meuf radieuse, la mère comblée des pubs Kinder, la je-vais-bien-tout-va-bien, « ohlala mais belle-maman vos blagues sont exquises et tiens, regardez un asiatique, il doivent avoir un nid dans le secteur ». Ne pas se trahir avec un sourire en coin où une lueur dans l’œil.
Tu verras, ça va la détruire.
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Plus de café, moins de fautes.
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Je suis INCAPABLE de ne pas tomber tête la première dans le jeu de quelqu’un, t’en sais quelque chose, sale piche.
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Tu rates des purs moments de bonheur.
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Elle se prend pas des baffes par Pute ta Moche-mère (je peux pas écrire belle, désolé) ?
Franchement les liens du sang ont une limite.
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Voir plus haut.
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Tu perds ta verve le Vieux.
Quelques années auparavant tu aurais sans coup flétrir balancé la vieille dans la cage aux ours, en criant à Pute:
« Beh ouais, désolée, ça m’a pris comme une envie de pisser. »
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Ah mais je dois REMERCIER ta belle-mère de m’avoir empêchée de venir en fait…
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À deux on l’aurait jetée chez les hippopotames.
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Tu écris de mieux en mieux, je trouve. Déjà qu’avant c’était bien. Ou alors c’est juste l’inspiration induite par la souffrance et la haine que t’inspirent ta belle-mère ? On la cerne un peu mieux maintenant, et laisse moi te dire qu’on a pas envie de la rencontrer.
Dur…
Et les zoos, çaynul.
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Merci!
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+ z1
Vive la beldoche qui est une muse infernale !
Elle le sait que t’écris ? Ça va lui faire tout drÔle quand tu vas être publiée…
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Cherchez pas tant que personne ne félicite mon autruche qui pisse, je vous snobe.
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Ça va on l’a tous poucé sur FB hier, plus ça serait de la gourmandise. Putain de diva.
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Ça se pourrait.
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Je doute du flot de pisse… Y a au bas mot 20 litrons…WTF ? Une perte des eaux de l’oeuf ? Mais respect pour la trouvaille…
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Ah mais si, les autruches pissent dru, c’est moi qui ai pris le cliché bordel.
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Putain respect
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Les ours sont communistes!
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A Toiry, il y a une vingtaine d’années, il y avait un type qui avait provoqué une dispute avec sa femme. Elle était sortie du véhicule furieuse.
C’était la zone des fauves.
Elle est sortie du zoo indemne.
Encore un meurtre parfait, raté…
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well done mister Pute – la punition était sévère mais juste, en bonne et due forme.
Comme elle n’était pas bien acceptée, VF a eu une mauvaise conduite finalement.
C’est dommage.
Ecriture savoureuse.
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