Si tu m’avais demandé, petite, comment je m’imaginais à l’âge de trente ans, je t’aurais dit que je me voyais sans enfants, blonde aux cheveux longs au volant d’une BMW décapotable rouge. Je m’en souviens très bien parce que j’avais fait part de cette vision à la première femme de mon père qui m’avait répondu sans ambages que la BMW rouge, c’était l’achèvement de la vulgarité. Les enfants ont des goûts de chiotte.
J’ai pas voulu la contredire parce que cette femme était l’heureuse propriétaire d’un caniche et qu’à dix ans, je savais déjà que c’était pas la peine d’essayer d’argumenter avec ces gens-là.
Bref, si j’avais su.
J’ai continué très tard à croire que je serais riche un jour, vraiment tard, jusqu’en 2012 pour tout te dire et ça je pense que c’est assez universel chez les enfants, j’veux dire en plus des goûts de chiotte, la conviction qu’adultes on sera tous riches comme des princes. C’est vrai, j’imagine mal prendre un môme entre quatre yeux pour lui demander ce qu’il veut faire plus tard et l’entendre dire « Moi quand je serai grand je serai dans-la-merde ! ».
Un enfant, c’est super optimiste. Le regard neuf, la tête et le cœur qu’ont pas encore beaucoup servi. L’enfant c’est le premier humaniste, c’est l’épicurien de compétition. Regarde Grumeau qui a perdu sa première dent de lait, quand je lui ai raconté que la petite souris viendrait lui poser une pièce sous son oreiller, bon, il a hurlé de joie et il a demandé combien direct :
– Ben je sais pas, tu sais, j’ai plus en tête les tarifs. J’ai perdu les miennes y’a trop longtemps et en plus, c’était même pas la même monnaie. Je pense que tu peux tabler sur un euro sûr, deux peut-être si Papa peut lui faire de la monnaie.
– Non moi je pense qu’elle va me donner une pièce de huit.
– Ça n’existe pas, Grum…
– SI.
Optimiste, visionnaire et extrêmement sûr de lui. Limite extra-lucide. Quand je demande à mon fils ce qu’il veut faire plus tard, il répond :
– Je sais pas encore, en fait.
– T’as tout le temps de trouver.
– Par contre je sais que c’est Papa qui gardera mes enfants quand j’irai au travail.
– Ça c’est certain, mon chaton, parce que no fucking way ce sera moi.
Mais je reviens à cette blonde aux cheveux longs sans enfant qui conduit l’achèvement de la vulgarité et conséquemment friquée que j’imaginais devenir, petite, versus la réalité : cette bonne blague. Même si j’ai des cheveux blancs, même si j’ai deux enfants mais pas de permis de conduire, même si effectivement le coupé BMW rouge ne serait plus mon choix de prédilection et même si je n’ai pas d’emploi stable, je croyais encore qu’un jour, je serais loin des ennuis.
J’ai sans doute eu tort de vivre ma vie tel que je l’entendais sans me soucier d’un avenir professionnel concret, je me suis trompée en arrêtant mes études, juste pour vivre, à la place.
Aujourd’hui j’ai 31 ans et je suis devenue l’exacte idée de ce que je me faisais de l’âge adulte, petite. Quelqu’un qui ne rêve plus. Et du coup, j’ai aucune idée de ce que je dois dire à mes enfants.
« Tout ira bien » ?
Dis leur de croire à leurs rêves, et ça vaut pour toi aussi !
J'aimeJ'aime
Moi aussi je t’aime, copine.
J'aimeJ'aime
Pourquoi tu cherches quoi leur dire ? Ils te posent des questions, tes enfants ?
J'aimeJ'aime
Ouais environ mille par jour, pas le tien?
J'aimeJ'aime
Si, mais pas des questions existentielles. Alors je ne vais pas chercher plus loin de truc à dire que ce qu’il a envie d’entendre.
« Pourquoi le tracteur transporte le fumier ? » ne nécessite pas encore que je me demande très profondément ce que je dois lui dire…
Et quand il demande « Pourquoi tu vas à l’hôpital ? », je lui réponds « Pour me soigner ».
En fait, j’ai l’impression que ça deviendra plus compliqué après…
Sinon, moi, quand j’étais petite, je croyais qu’être adulte, c’était savoir donner ses fraises à quelqu’un tranquillement sans être dèg’. Comme mon père, il faisait avec ma sœur et moi. T’imagines ?!? Il partageait TOUT son dessert (le meilleur du monde de la terre) entre ses deux filles sans lever un sourcil. En se réjouissant, même.
Maintenant, quand mon fils veut mes fraises, je lui fais un doigt d’honneur et je les mange le plus vite possible… Et merde.
J'aimeJ'aime
:)
Je fais pire avec les miens, ça choque vachement ma mère quand elle me voit m’envoyer leurs œufs de Pâques.
J'aimeJ'aime
AHAHAHAHAHA !
J'aimeJ'aime
Where There is a Will there is a way…what else?
J'aimeJ'aime
T’as lu ça sur Tumblr?
J'aimeJ'aime
Bon, je tente Oprah Winfrey, alors.
J'aimeJ'aime
La vie est longue. J’aurais ecrit la même chose que toi a 31 ans, 32, 33 et la, j’ai 34 ans et il se passe des choses… enfin ! presque du jour au lendemain !
je me ouviens du temps ou je disais « la vie a ca de bien qu’elle est pleines de surpsrises » et puis je me suis dit qu’avec des enfants, bah la vie ne pouvait plus etre surprenante et pourtant….
Keep the faith !!!!!
J'aimeJ'aime
En fait j’espère que mon texte ne laisse pas penser que je tiens mes enfants pour responsables de ce que je suis ou que je les considère comme un frein, parce que ce n’est pas le cas.
J'aimeJ'aime
Pas une seconde…
J'aimeJ'aime
« J’ai sans doute eu tort de vivre ma vie tel que je l’entendais sans me soucier d’un avenir professionnel concret, je me suis trompée en arrêtant mes études, juste pour vivre, à la place. » Toi et moi on a sans doute eu tort sur beaucoup de choses, mais certainement pas sur ça.
J'aimeJ'aime
Développe parce que je suis vraiment pas sûre.
J'aimeJ'aime
Putain Vieux (et pas vieille putain…), moi j’ai eu tort de prendre mon enfance au pied de la lettre et d’arrêter de rêver à 8 ans quand j’ai compris que je ne serais jamais Madonna.
Ensuite j’ai eu tort de pas arrêter ces études qui ne me plaisaient pas et m’ont pourtant mise à l’abris des emmerdes financières (touche-du-bois), ce qui à défaut d’être un rêve à l’époque, m’extrayait d’un cauchemar.
Tu réussis un truc certes petit, mais énorme du point de vue de tes lecteurs, les tenir en haleine et distiller du bonheur et ceci même lorsque son intensité est inversement proportionnelle à la fréquence de tes articles.
Faudrait voir à se rappeler plus souvent qu’on n’a jamais le tort de trouver ses bonheurs même infimes dans la moindre des plus petites choses – et ça, c’était la banalité de 20h31.
J'aimeJ'aime
Merci.
J'aimeJ'aime
Ouais. Merci aussi.
J'aimeJ'aime
La prochaine fois t’as qu’à laisser passer deux mois sans rien poster, genre osef de ton lectorat… Tout ça pour même pas donner de nouvelles de la dame en rose…
Anybref © déjà tu fais pas de transfert de tes questions existentielles sur tes gosses parce que dans ton cas on pourrait considérer ça comme un meurtre au premier degré prémédité.
« avenir professionnel concret », c’est un euphémisme.
Rêver, espérer, c’est un peu useless, tu peux parfaitement te contenter d’accomplir ce que bon te semble, sauf si t’es excessivement empathique, auquel cas t’es dans la merde.
J'aimeJ'aime
Mon absence est involontaire, je ne me fous pas de mes lecteurs mais j’ai pas non plus le sentiment de leur devoir des explications.
J'aimeJ'aime
Tu nous regardes plus comme avant, t’as rencontré un autre lectorat c’est ça, hein ? :'(
J'aimeJ'aime
en même temps quand tu vois les tronches de ceux qu’ont misé sur le concret…
on nous vend du rêve, autant se permettre de se le créer soi-même, c’est signe de bonne santé intellectuelle, toujours ça de pris qu’on nous prendra pas (et pis écoute moi c’est pire, c’était la lotus esprit) (critique pas trop mes goûts de chiottes, je te lis, hein^^).
J'aimeJ'aime
Pretty Woman a inspiré toute une génération de petites connasses.
J'aimeJ'aime
je crois que j’ai mis à peu près 15 ans à péter le conditionnement et à piger que cette nana était en réalité maltraitée comme pas possible. il a fallu 5 ans de plus à vue de nez pour que je comprenne qu’elle s’en rendait pas compte elle-même, et maintenant je dis juste « darwin rules ». connasse un jour, connasse toujours.
J'aimeJ'aime
Amen
J'aimeJ'aime
Quand j’étais petite, je me voyais avec un mec et un gamin à 16 ans (?!), dans la merde donc (mais quand t’es petit, tu trouves ça super cool un amoureux et une poupée vivante à toi). Aujourd’hui j’ai une vie géniale (pas mieux, pas pire que la tienne quoi), j’en rêvais même pas tant ! J’ai toujours attendu le moment ou j’allais devenir adulte et ou j’allais arrêter de rêver, ca fait 37 ans que j’attend, et je crois que ça n’arrivera jamais, ou alors pour rire… Faut jamais rien lâcher les gars, le rêve, c’est le secret de la jeunesse éternelle !
J'aimeJ'aime
Sans blague, sans farce, grand bien te fasse. J’espère ne pas tenir ce discours tout le reste de ma vie. Peut-être juste le temps d’en fabriquer de nouveaux.
J'aimeJ'aime
Parfois j’y pense et me dit que tout ce temps pas passé à user ses pantalons sur les chaises d’école, finalement consacré à la découverte de la drogue, au rock’n’roll, aux relations humaines, avec un peu de chance au sexe, et à se laisser aller à beaucoup d’errances cérébrales (je caricature à peine l’adolescence) permets d’acquérir des qualités différentes du cursus scolaire, issues de l’expérience, du travail de l’esprit ou de la découverte de ce qui nous entoure. Sur un CV ça sent pas les $$$ mais dans la vraie vie ça rend souvent les gens foutrement intéressants. Et puis ça peut éventuellement leur servir à exercer tôt ou tard dans un art particulier pour peu qu’ils aient bien utilisé leur temps. Tôt ou tard oui, car les phénomènes qui ont explosé les rétines ou les tympans de leur fans n’ont pas tous éclos à 18 ou 27 ans. Par chance également (quoi que..), on peut comparer plus confortablement aujourd’hui un parcours atypique à celui de quelqu’un qui n’aurait pas quitté la ligne, car en 2013 il n’y pas beaucoup plus de poste à pourvoir dans les métiers alimentaires et casse-couilles que dans une filière favorisant l’épanouissement personnel. « Tout ira … pas trop mal les enfants! »
J'aimeJ'aime
Oui si tant est qu’on tire des leçons de ses expériences, qu’on apprenne de ses erreurs au lieu de les répéter en espérant toujours un dénouement meilleur.
Pour le reste, tu as raison, Après je ne sais combien de candidatures sans réponse à des jobs plus pourris les uns que les autres, j’ai décidé de virer de mon CV le peu que j’ai travaillé en tant qu’auteur parce que clairement ça ne me sert pas.
J'aimeJ'aime
« essaye d’être heureux et te laisse pas emmerder, euh embêter pardon «
J'aimeJ'aime
J'aimeJ'aime
Ah. Oui.
J'aimeJ'aime
Moi je crois en toi …
J'aimeJ'aime
Ca fait du bien de te relire Vieux.
Rassures-moi, tu cherches pas un job mais du pognon hein ?
Bon courage. T’as un mari qui t’aime et 2 nains, c’est déjà pas si mal à 31 piges.
J'aimeJ'aime
Ca fait du bien de vous relire aussi.
J'aimeJ'aime
still alive alors ?? ouf, j’ai eu un peu peur que les vacances scolaires t’aient achevée ;
tu m’as manqué !
J'aimeJ'aime
Il n’est pas dit que je sorte indemne de celles-ci, what the fuck ces vacances toutes les six semaines, aussi, bordel?
J'aimeJ'aime
dis leur ce que tu veux, de toute façon, ça se finit toujours par 20 ans de thérapie, l’enfance.
J'aimeJ'aime
« tout ira bien » c’est mon mantra, je demande à mon mec de me le dire quand dans ma bouche ça sonne trop faux. Ca aide un peu, enfin ça aide plus que « vous me faites tous chier » et « à quoi bon? », les deux autres phrases en boucle dans mon cerveau.
Arreter de fumer est clairement un tres bon moyen de voir la vie du coté bright et prononcer cette phrase avec la sincerité la plus totale, pour une raison mysterieuse il m’est impossible de tenir plus de deux semaines et demie.
J'aimeJ'aime
J’ai pris la décision d’arrêter de fumer aussi mais APRÈS l’expo Game of Thrones à Amsterdam. Et vu le programme, je pense que de toute façon mon corps ne supportera plus aucune drogue avant un max de temps.
J'aimeJ'aime
Putain la chance. Expo GoT + Dam, mais need quoi.
J'aimeJ'aime
Ce sera peut-être une réplique du Trône de Fer mais la défonce par contre, elle sera authentique.
J'aimeJ'aime
Et avec leur beuh de l’espace qui fait les bad trip paranoiaque les plus authentiques aussi. Je te souhaite d’enjoyer ta race.
J’ai un souvenir de bad trip dans le quartier rouge, hmmm, entre les putes et les camés en manque, c’etait frais.
Tres bonne idée pour arreter cela dit, je retiens.
J'aimeJ'aime
Dis que tu veux me mettre l’œil, ça ira plus vite. Le bad trip, je l’ai pas mis dans mon programme et on fera mon programme parce que c’est mon putain de cadeau d’anniversaire aussi les seuls imprévus acceptables seront :
1) Un tatouage surnuméraire.
2) Encore plus de FUN.
3) Se perdre (avec Pute on se perd toujours, une fois on s’est retrouvés à errer dans une gare à la recherche d’un taxi qu’on a fait tourner dans Amsterdam pendant une heure et demi pour retrouver l’Iveco avec pour seule indication « y avait un moulin pas loin »)
Voilà.
J'aimeJ'aime
rhhhooo tout de suite l’oeil.
Je m’ai mal exprimée, je partageais mon expérience c’est tout.
Je te souhaite donc, en plus d’un joyeux anniversaire, tout ton programme dans l’ordre, bonus inclus.
J'aimeJ'aime
énorme, j’ai explosé de rire : « l’enfant c’est le premier humaniste :) »
J'aimeJ'aime
Ben rien, y a bien assez le temps de découvrir la réalité; puis même pas certaine qu’il va te croire! Sinon, 31 ans, y a encore moyen de vivre de belles choses non?
J'aimeJ'aime
Impossible de me projeter à trente ans, je pensais que je serai déjà achevée depuis cinq ans. Alors quand je me rends compte que j’ai trépassé les 32 ans, et sans enfant sinon mes collégiens, je me console en lisant Vieux Félin.
J'aimeJ'aime